Je vous écris ce mail samedi soir, il est minuit passé et je n’arrive pas à dormir.
Trop de choses en tête.
Trop de choses à vous dire.
Je préfère vous prévenir.
Ce n’est pas un email tout beau tout rose..
.. mais la vie non plus ce n’est pas tout beau tout rose.
Donc si ce n’est pas le moment pour vous, ne lisez pas ce qui suit.
…
Cette semaine c’était la fin des saints de glace et, comme prévu, j’ai planté.
J’ai planté sur la terrasse et sur le jardin partagé..
..et bien évidemment tout ne s’est pas passé comme prévu (et j’en m’en doutais).
Et parce-que je m’en doutais, je n’ai pas tout planté d’un seul coup.
Non.
J’y suis allé pas à pas.
Un peu chaque jour, parce que je connais la chanson..
..tu plantes tout d’un coup puis, le lendemain, tu t’es tout fait bouffer par les limaces et ta saison est foutue.
Bref.
Résultats des courses ?
Une catastrophe.
Jour après jour, je me fais quasiment tout dévorer par les limaces (surtout au jardin).
Mais ce qui fait le plus de mal, c’est tout le travail en amont qui tombe à l’eau.
Pendant le confinement, j’ai optimisé l’espace de mon appartement.
J’ai aussi optimisé la serre de la terrasse pour faire 5 ou 6 fois plus de semis que d’habitude (j’ai même fabriqué une serre de fortune au jardin partagé mais elle a fini par être investi par les limaces…).
C’est walking dead le truc…
Ça fait plus d’un mois que je plante des dizaines et des dizaines de salades, des navets, des choux, etc..
..et il aura fallu une seule pluie pour réveiller ces limaces qui se sont empressés de les débiter jusqu’au dernier morceau.
Ça fait plus d’un mois que je fais des semis à la volée..
..pour ne voir pousser aucun légume au-dessus du stade des 2 premières feuilles.
Bref, vous l’aurez compris.
Je suis au bout du rouleau.
Même si sur la terrasse c’est moins pire, j’ai tout de même pas mal de loupés.
Ces foutues limaces mangent tout ! (même les tomates).
Heureusement que je prévois toujours plus
…
Une nouvelle fois, ni la terrasse, ni le jardin ne ressemblera à ce que j’imaginais.
Une nouvelle fois je vais me retrouver avec une diversité de fruits et légumes assez pauvre.
Une nouvelle fois mon potager ne ressemblera à rien à force de planter, planter et re-planter un peu partout en espérant que ça pousse…
Une nouvelle fois tous les plus beaux plants se sont fait manger en premier et ce sont les petits rabougris qui finiront par tenir..
Une nouvelle fois je n’aurais pas de belles photos « Instagramable ».
Alors oui certaines personnes m’ont conseillé les granulés bleus histoire d’envoyer les gastéropodes au cimetière..
..mais pas question pour moi de céder à la facilité.
J’ai besoin de comprendre.
J’ai besoin de passer au-dessus de ça et de trouver où et comment créer l’équilibre de ces 2 potagers.
Oui j’ai essayé plein de trucs pour protéger mes plants en attendant.
Prêle, fougère, branches de rosier, coquilles d’œufs et protection avec des bouteilles plastiques.
Mais rien ne fait.
Elles passent au travers.
La seule chose qui a fonctionné un temps c’est de les nourrir avec du pissenlit et diverses herbes fauchées.
La preuve.

C’est une sorte de diversion que je vous conseille d’utiliser.
En fait, il faut leur faire une sorte d’hôtel où les abriter et les nourrir (toujours cette histoire du gîte et du couvert…).
Cet « hôtel » doit être loin de votre potager mais pas trop non plus…
D’ailleurs je vous conseille cette vidéo qui m’inspire toujours autant
Bref, tout ça c’est encore à travailler, à faire évoluer, à découvrir…
J’ai tout de même appris quelques trucs sur elles.
Par exemple j’ai compris que le lézard est un de ses prédateurs..(on en parle rarement d’ailleurs mais il s’avère efficace, surtout en ville où il est bien plus présent qu’un hérisson ou qu’un crapaud).
J’ai donc fait en sorte qu’il s’installe près de mes cultures pour cette année.
…
Affaire à suivre.
Finalement j’ai décidé de partir à la chasse.
Chaque soir de la semaine, je suis aller les cueillir une par une pour les mettre ailleurs (ce qui est bien un signe que je suis au bout du rouleau 😂).
Mais bon ce n’est pas ça qui les a arrêté..
..et ce n’est pas de ça non plus que je voulais vous parler.
J’ai traîné un peu sur Instagram hier soir et c’est ça qui m’a donné le coup de grâce.
Quand je vois le potager des autres, j’ai l’impression qu’ils sont déjà dans le monde des bisounours… (au mois de juin quoi).
Tout est beau.
Leurs plantes sont vertes et luisantes (certainement de la culture à l’engrais et sous lampe).
Aucune trace de morsures de gastéropodes (certainement quelques poignées de granulés bleus).
Je ne dénigre pas. C’est un constat, chacun fait ce qu’il veut
J’ai terminé en PLS 😫
Je me suis senti seul contre tous.
Je me suis même dit que je devrais peut-être tout laisser tomber, la terrasse, le jardin, le blog et tout ça.
Qui-suis-je pour donner des conseils alors que je ne suis pas capable de faire pousser des aubergines de la taille d’une courge et des choux tellement grands qu’on peut cacher un éléphant avec.
Et puis je me suis ressaisi.
Loin de moi l’idée d’arrêter le jardinage et la permaculture !
Et non, je ne planterai pas de plantes F1 résistantes aux maladies qui donnent des tomates énormes au goût de poisson.
Et non je n’utiliserai pas de lampe de croissance pour faire pousser des plantes surdimensionnées dès le mois d’avril.
Et non je n’utiliserai pas d’anti-limaces afin de dormir sur mes 2 oreilles.
Et non je ne déménagerai pas en Espagne pour avoir un potager en avance sur les autres 😂
Je vous rappelle que la permaculture c’est de la débrouillardise, de l’astuce.. du bon sens.
C’est aussi de l’observation et du mimétisme.
Je sais que vous aussi vous galérez.
Je sais qu’en ce moment vous rêvez limaces, pucerons et chenilles (que dis-je, que vous en cauchemardez !).
Mais est-ce qu’on est là pour construire une nouvelle vision ou pour flamber sur Instagram ?
J’ai l’impression qu’on revient en arrière pour montrer qui a la plus grosse… « tomate » (quit à mettre du granulé bleu et de l’engrais en douce).
Les réseaux sociaux biaisent la réalité (c’est pour ça que depuis quelques mois je les déserte un peu).
Bref.
Vous n’êtes pas seul.e à galérer.
La permaculture c’est dur.
La nature est injuste.
Mais c’est une aventure humaine alors n’abandonnez pas et continuez d’apprendre.
En tout cas, c’est ce que je compte faire.
Fabrice.