Dans cet article, je vous parle de forêt Miyawaki.. laissez-vous guider sur son chemin au travers de mon expérience de chantier participatif au parc de Parilly à Lyon…
Mais avant de démarrer cet article, je vous invite à découvrir ce podcast où je vous explique comment je me suis inspiré de la méthode Miyawaki pour créer un potager en permaculture avec des pots de fleurs.
C’est bon ?
Let’s go !
C’est quoi une forêt Miyawaki ?
Pour faire simple, c’est une méthode de reforestation régénérative et ultra rapide (SPOIL : on s’est inspiré de la nature pour inventer ça 😉)
D’ailleurs, c’est un botaniste japonais expert en écologie végétale du nom d’Akira Miyawaki qui a créé cette méthode à la fin du 20 ème siècle.
Aujourd’hui, Akira est reconnu internationalement pour être un spécialiste de la restauration naturelle des sols dégradés. Le genre de sols industriels qu’on trouve en milieu urbain et périurbain.
En quelque sorte, c’est un pro de l’aggradation des sols en ville !
Ce qui me parle dans son approche, c’est qu’il préconise avant tout d’utiliser des espèces indigènes…
Des espèces indigènes ?
Oui.
Une espèce indigène, c’est une espèce qui apparaît spontanément sur un territoire, sans l’intervention de l’homme.
On peut appeler ça aussi des espèces autochtones. En fait, ce sont les arbres qui sont les plus adaptés au contexte du lieu dans lequel on va planter la forêt Miyawaki (principalement au climat, au relief et au sol).
…
Et concrètement, une forêt Miyawaki ça pousse beaucoup plus vite et c’est beaucoup plus résilient que les méthodes de reforestation actuelles…
Comment a-t-il créé cette méthode de reforestation urbaine ?
C’est dans les années 70 qu’Akira Miyawaki s’est rendu compte que la grande majorité des arbres forestiers du Japon n’étaient pas indigènes.
Ils avaient été introduits, entre autres, pour l’exploitation de leur bois.
Son parcours de botaniste l’a donc mené à faire de nombreuses recherches sur les véritables arbres indigènes du Japon.
Et c’est grâce à la mise en application de ses recherches, qu’il a pu créer et démontrer que sa méthode de reforestation est l’une des plus efficaces jamais utilisées (testée et approuvée sur plus de 1200 sites industriels en moins d’une vingtaine d’années).
En gros, avec cette méthode, on est capable d’implanter une forêt primaire mature et ultra régénératrice en 20 ans (au lieu de 500 à 700 ans en fonction des dégâts causés selon Francis Hallé).
Cette croissance spectaculaire est dû à 2 raisons.
D’une, on utilise des espèces d’arbres qui font partie du dernier cycle de maturité d’une forêt primaire (et oui, une forêt primaire commence par un simple pissenlit.. s’en suit les ronces.. les arbres pionniers, etc… et ça, ça prend du temps).
Et de deux, on plante très très serré (minimum 3 arbres au mètre carré !).
Le fait de planter serré va stimuler la croissance des arbres au niveau aérien (pour la course à la lumière) et au niveau racinaire.
Du coup, on obtient une forêt qui pousse super vite !
Bref.
Non seulement ça pousse vite..
..mais en plus, ça ne demande pas beaucoup d’entretien.
Il suffit juste de planter, arroser et désherber pendant 3 ans.
Et, au-delà de ces 3 années, la forêt est autonome.
Vous l’aurez compris, sur le papier, cette méthode, c’est le top du top en terme de reforestation efficace et écologique !
Où se situe cette forêt Miyawaki lyonnaise ?
Elle se trouve dans le parc de Parilly à Bron (toutes les infos sont en fin d’article).
Mais ce n’est pas la seule.
Il y a d’autres projets qui devraient se concrétiser non seulement à Lyon (comme celui de la Duchère et de ses 4 500 arbres !), mais aussi dans d’autres grandes villes de France (comme le chantier actuel de Mulhouse avec ses 24 000 arbres !!).
(Mise à jour : la forêt de Mulhouse n’utilise finalement pas la technique de reforestation Miyawaki dans le choix de ses espèces, et pour ce qui est de la mairie de Lyon, elle plante effectivement de plus en plus de forêt Miyawaki dans sa ville)
En fait, je ne sais pas ce qui est en train de se passer, mais depuis 2 ou 3 ans, il y a plein de projets Miyawaki qui fleurissent un peu partout en France !
Bref.
C’est cool.
Comme quoi, les prises de conscience ne servent pas à rien…
A qui appartient-elle et pourquoi à cet endroit ?
Le terrain où nous avons planté cette forêt appartient à l’agglomération lyonnaise, mais je ne saurais pas vous dire dans les détails comment l’association Boomforest à obtenu l’accord et le partenariat pour planter à cet endroit.
Le seul « conseil » que je peux vous donner pour lancer ce genre de projet, c’est de trouver un particulier ou une collectivité d’accord pour planter des arbres sur leur terrain (sauf si vous êtes déjà l’heureux propriétaire d’une friche ou d’un simple terrain de quelques centaines de mètres carrés !).
Parfois, il suffit de faire un appel sur vos réseaux sociaux. Apparemment, ça fonctionne assez bien. Il y a plein de gens qui serait d’accord qu’on vienne planter une forêt chez eux.
Pour faire bien, je vous conseille de mettre les choses au clair dès le départ (on parle d’une forêt.. c’est un projet sur le long terme).
Le mieux, c’est de faire une convention pour savoir qui joue le rôle de quoi dans cette histoire (droits et obligations de chacun).
(apparemment, en créant une « Obligation Réelle Environnementale » par parcelle cadastrale, vous pouvez protéger un terrain de toutes interventions pour une durée de 99 ans !… je vous laisse vous renseigner sur le sujet…) 👇
Bon.
A ce que je me suis laissé entendre dire, le choix de l’emplacement (200 m² sur un parc d’un peu moins de 200 hectares) aurait été prit car il se trouvait à mi-chemin entre le fumier et l’eau nécessaire à la plantation (#bonsens).
Pour information, la taille minimum conseillée pour créer une forêt Miyawaki efficace est de 100 m².
Et en sachant qu’il faut planter environ 3 arbres au mètre carré (parfois 5 !), ce ne sont pas moins de 700 bébés arbres qui ont été rapporté pour ce chantier de 200 m².
Le choix des espèces
Il ne suffit pas de faire quelques boutures ou d’arracher quelques rejets dans la forêt avoisinante (quoique..).
La sélection des espèces est une étape primordiale dans la création d’une forêt Miyawaki.
Pour commencer, il faut faire une recherche sur les végétaux qui poussent naturellement dans la région (on appelle ça, la végétation naturelle potentielle).
Ces végétaux sont naturellement adaptés à l’environnement du terrain et produiront une forêt primaire résiliente.
Ensuite, il faut déterminer quelles sont les variétés d’arbres du stade définitif du cycle de cette « forêt indigène » (c’est un peu brouillon dit comme ça, mais l’idée est là.. et si vous voulez aller plus loin, on appelle ça le « cycle sylvigénétique« ).
Bref, une fois ce travail fait, il « suffit’ de trouver les variétés et le nombre de végétaux nécessaires pour le projet (utilisez des végétaux locaux bien évidemment).
La préparation du sol et la plantation
Le chantier de plantation de la forêt Miyawaki du parc de Parilly a eu lieu le 5,6 et 7 mars 2021 près de l’allée des Robiniers.
Le jour où j’écris ces lignes, n’importe qui peut se rendre sur cette petite forêt.
Même les chevreuils.
Mais heureusement, il parait qu’il n’y en a pas dans ce parc.
Ouf !
Parce que les chevreuils et les lapins (il n’y en a pas non plus), sont vos pires ennemis dans ce genre de chantier..
..en une nuit, ils peuvent mettre sans dessus-dessous votre forêt fraîchement plantée..
Bref.
Le terrain a donc été préparé quelques semaines avant la plantation.
La plantation d’une forêt Miyawaki se fait collectivement et festivement !
Et c’est la raison pour laquelle j’ai pu participer à ce chantier.
« La philosophie de Miyawaki veut que la plantation prenne la forme d’un festival afin d’impliquer les populations locales et les sensibiliser à l’environnement »
…
Et comme le dit « Aranya » dans son livre « Design en permaculture » (lien amazon) :
« J’ai vu des projets très bien attentionnés, comme des vergers communautaires, mais qui sont créés sans consultation des résidents locaux, ou très peu. Inévitablement, par la suite, ils font l’objet de vandalisme parce que les habitants du quartier n’ont aucun lien avec cette « chose » qui vient de débarquer chez eux »
…
A mon arrivé sur le chantier, j’ai vu des enfants en train de planter !
Bref.
Un bénévole nous accueil et nous fait un mini-briefing sur la méthode et le déroulé des plantations.
« Il faut planter un arbre tous les 30 cm ! ».
Ca étonne la plupart des gens, mais on n’est pas là pour discuter. Au boulot !
Ah oui.
J’oublie quelque chose.
La notion d’arbres de bordures et d’arbres d’intérieurs.
Je n’ai pas plus d’informations à vous donner pour le moment, mais sachez qu’il est important de prendre ça en compte lors du choix de vos variétés. Les arbres de bordures sont censés protéger les arbres d’intérieurs des perturbations extérieurs (animaux, vents, soleil, etc…).
A vos fourche-bêche !
C’est l’heure de planter.
Super, ils ont pensé au pralinage !
Armé de ma fourche-bêche, je fais des trous.
Tous les 30 cm.
…
Une fois tous les arbres plantés, il est temps d’arroser tout ça, et bien au pied s’il vous plaît ! (s’il y a des arbres trop petit, aidez-les à se faire remarquer en plantant un bout de bâton bien grand et bien droit, juste à côté !).
Pour terminer, nous rajoutons un peu de fumier, de compost et de paillage sur l’ensemble de la surface…
Prochain rendez-vous : dans 1 mois
Comme je vous le disais, une forêt Miyawaki nécessite un peu d’entretien jusqu’à ce qu’elle devienne autonome au bout de 3 ans.
Vu que ce chantier à eu lieu en mars, il faut rapidement intervenir pour arracher les « mauvaises herbes« .
Elles resteront sur place pour faire guise de paillage.
…
Voilà tout..
J’espère que cet article vous aura donné envie de vous retrousser les manches et voici mes 2 derniers conseils si vous êtes amené à participer à ce genre de chantier de plantations participatives :
N’oubliez pas le pralinage et pensez à ramener quelques vers de votre lombricomposteur que vous déposerez délicatement sous le paillage 😉
En bref
Le lieu de la forêt
Allée des Robiniers au parc de Parilly à Bron
La date de plantation
5,6 et 7 mars 2021
Le nombre d’arbres plantés
700
La maturité
Mars 2041
L’association qui coordonne le projet avec le propriétaire du terrain
Boomforest
Le propriétaire du terrain
Agglomération lyonnaise
Si vous avez des questions, il y a l’espace des commentaires juste en dessous !
Bonjour, merci pour ce partage, j’habite à Lyon et ne manquerai pas d’aller voir ça à l’occasion !
Par curiosité, quels types d’arbres sont indigènes à cet endroit ? Et seront ils toujours adaptés dans les années qui viennent au vu de la sécheresse de plus en plus violente que nous subissons l’été ?
C’est une très bonne question. Je n’ai pas participé aux choix des espèces, mais la plupart sont résistantes à la sécheresse. Par contre, je n’ai pas la liste sous la main, mais je vais la récupérer et je vous préviendrais quand je l’ajouterai ici (chênes, ifs, cerisier, etc…).
Après, ces forêts sont très résilientes donc les arbres auront + de chances de résister aux sécheresses de plus en plus importantes que de simples arbres isolés..
Hier, je suis retourné voir la forêt à tout hasard et j’ai croisé un des lanceurs du projet. J’ai pu récupérer la liste des essences plantées :
Nom commun (Nom latin)
Alaterne (Rhamnus alateranus)
Alisier blanc (Sorbus aria)
Alisier des bois, Alisier tominal (Sorbus torminalis)
Argousier (Hippophae rhamnoides)
Aubépine à un style (Crataegus monogyna)
Aulne corse (Alnus cordata)
Cerisier à grappes, bois puant (Prunus padus)
Cerisier des bois, merisier (Prunus avium)
Charme (Carpinus betulus)
Charme-houblon, bois de fer (Ostrya carpinifolia)
Chêne pubescent (Quercus pubescens)
Chêne rouvre, chêne pédonculé (Quercus robur)
Cournouiller sanguin (Cornus sanguinea)
Erable champêtre (Acer campestre)
Erable de Montpellier (Acer monspessulanum)
Erable plane (Acer platanoides)
Frêne à feuilles étroites (Fraxinus angustifolia)
Frêne à fleurs (Fraxinus ornus)
Frêne commun, Frêne élevé (Fraxinus excelsior)
Fusain d’Europe, bonnet d’évèque (Euonymus europaeus)
If commun, If à baies (Taxus baccata)
Nerprun purgatif, cathartique (Rhamnus cathartica)
Noisetier, Avelinier (Corylus avellana)
Orme blanc, orme lisse (Ulmus laevis)
Pommier sauvage (Malus sylvestris)
prunelier (Prunus spinosa)
Rosier des chiens, églantier (Rosa canina)
Sureau noir (Sambucus nigra)
J’ai créé un groupe de discussion sur la permaculture à Lyon si vous voulez échanger > rejoindre le groupe sur Telegram.