Vous n’en avez pas marre de cette société individualiste ?
Nous sommes bientôt en 2024 et il n’a jamais été aussi urgent de faire bouger les choses.
Ça tombe bien. Le pouvoir d’action des communes s’affaiblit et les communautés de communes ont de plus en plus de responsabilités.
Une fenêtre de tir s’ouvre pour renverser le système.
Et si la transition écologique devait passer par la gestion citoyenne des espaces publics ?
Dans cet article, vous allez découvrir comment quelques artistes tentent de reprendre leur indépendance grâce à l’un des plus grands lieux abandonnés de France.
Le besoin humain de s’approprier l’espace public
Aujourd’hui, les rues de nos villes ne servent plus qu’à se rendre d’un point A à un point B.
Trouver un espace public calme et ressourçant pour lire, pique-niquer ou se détendre est presque devenu mission impossible.
Et je ne vous parle même pas de la bizarrerie que c’est de parler ou même de sourire à un inconnu dans la rue !
Vers quelle société se dirige-t-on ?
Heureusement, il y a des citoyens qui ont le courage de se réapproprier l’espace public et des politiques qui leur laisse le libre accès en échange de l’entretien.
Je parle d’initiatives citoyennes comme les bibliothèques de rue, les composteurs partagés, les plantations citoyennes de forêts, les jardins partagés, les tiers lieux, etc…
Mais d’où vient ce besoin de s’approprier l’espace public ?
Appartenir à une communauté
Comme je vous le disais, plus personne ne se parle dans la rue.
Pourtant, depuis la nuit des temps, l’humain agit en communauté. C’est ainsi qu’il a réussi, entre autres, à se hisser au sommet de la chaîne alimentaire (rien que ça !).
La société moderne est si grande et si puissante qu’un individu n’a plus besoin d’appartenir à une communauté pour survivre. Chaque personne peut avoir son propre travail, son propre « rôle dans la société » et avoir, en contrepartie, la sécurité, une maison et de la nourriture (presque) sans dépendre de personne.
Mais je pense que tout ceci n’est qu’une illusion et ne tient qu’à un fil.
Je pense qu’il est vital de réapproprier les espaces publics pour, de nouveau, retrouver notre puissance d’action communautaire.
S’exprimer et communiquer
La deuxième raison pour laquelle nous avons besoin de nous approprier l’espace public, c’est parce que nous somme des animaux sociaux.
Mettre à disposition des lieux d’expressions dans les espaces publics participe à notre bien-être et notre santé mentale.
Nous avons besoin de réhabiliter l’art, sous toutes ses formes, dans l’espace public.
Nous avons également besoin d’inventer des lieux où la communication est libre.
Se ressourcer
L’humain moderne n’est pas une machine.
Il a besoin de repos. Physiquement et mentalement.
Il a besoin d’avoir accès à des lieux où il se sent connecté aux autres et à la nature.
Une vision de la gestion citoyenne
Des lieux où le citoyen s’installe pour tenter de développer une activité communautaire où l’on s’exprime et se ressource en rafistolant le truc avec 2 bouts de ficelles, j’en ai vu des dizaines et des dizaines.
Des friches artistiques, des jardins partagés, des poulaillers partagés (et oui, ça existe), des sites de compostage citoyens, des tiers lieux, des cafés solidaires, des salles de jeux, etc…
Parfois, je leur ai même donné un petit coup de pouce.
Parmi eux, il y en a un qui m’a définitivement donné envie d’écrire cet article, c’est le cas du sanatorium de Bergesserin.
Non pas que ce soit un exemple qui soit au-dessus des autres en termes de qualité ou de résultats, mais uniquement parce que j’ai un attachement particulier à ce lieu (et que j’y suis allé plusieurs fois cette année).
Le cas Bergersserin
Construit au début du 20e siècle, le sanatorium de Bergesserin était destiné aux femmes atteintes d’une maladie respiratoire très répandue à cette époque : la tuberculose.
Avec ces 10 000 m² de bâti, c’est le plus grand sanatorium de France.
Sa mise en fonction (dans les années 1950) fut retardée par sa longue construction et aussi par la deuxième guerre mondiale.
Et le comble, c’est qu’aussitôt fonctionnel, on découvre le remède contre la tuberculose !
Ce qui lui voudra d’être transformé et d’évoluer sous plusieurs formes d’établissements médicaux pour être finalement abandonné, presque du jour au lendemain, en 2008.
Personnellement, c’est en 2014 que je découvre le sanatorium.
A une période où je pratiquais l’exploration urbaine (l’urbex).
Moi qui adore la nature, c’est l’une des explorations les plus impressionnantes que j’ai pu faire à ce moment-là.
C’est presque 10 ans plus tard (en 2023) que je redécouvre le lieu sous une sorte de projet qui ressemble à ma vision de la gestion citoyenne.
Effectivement, en 2022, le sanatorium est revendu par la ville de Mâcon à l’Établissement public foncier de Bourgogne-Franche-Comté.
Et aujourd’hui, c’est la communauté de communes qui le met à disposition de 2 compagnies de théâtre et d’un brasseur sous le programme « Territoires d’Engagement ».
C’est cool non ?
Mais il y a d’autres modèles qui permettent de se réapproprier l’espace public. Exemple : les tiers-lieux.
Les tiers-lieux
Les tiers-lieux sont « des espaces de compétences qui réunissent des collectifs de citoyens engagés pour leur territoire ».
Encore une histoire de collaboration entre les citoyens et les politiques me direz-vous.
Un modèle qui fonctionne bien finalement !
La plupart du temps, un tiers-lieu est quasi quotidiennement ouvert au public.
C’est comme un bar où l’on va boire un verre en fin de journée.
Sauf que c’est géré en gouvernance partagée par les fondateurs (associations, entreprises, etc..) et les futurs usagers.
C’est un concept qui vient des États-Unis et qui fait un carton en France depuis quelques années.
Parfois, ce sont des bâtiments publics (à l’abandon ou construit uniquement dans ce but) et d’autres fois ce sont des bâtiments privés mis à disposition des fondateurs (moyennant date d’échéance, contribution financière ou autre…).
Les jardins partagés
Les jardins partagés s’inspirent aussi du même modèle, mais souvent à une échelle différente.
Un espace vert en friche qui appartient à la mairie. Des citoyens qui veulent jardiner. Et paf, ça fait des chocapic !
Je ne suis ni dans la tête d’un politique, ni dans ces affaires..
..mais ce que je comprends dans tout ça, c’est que tout le monde y gagne.
Comme vous l’avez certainement remarqué, dans cet article, je ne partage que mon ressenti par rapport à tout ça.
D’ailleurs, le terme de « gestion citoyenne » n’existe pas..
..on devrait plutôt parler de gestion participative. Mais que voulez-vous, j’aime bien inventer des mots !
Pourquoi les politiques favorisent la « gestion citoyenne » des espaces publics ?
Pourquoi les mairies, les communautés de communes, les communautés d’agglomérations, etc.. qui confient la gestion d’une partie de leurs espaces publics aux citoyens sont gagnants ?
1) L’entretien est moindre
En échange d’avoir le droit d’y faire leurs activités, les collectifs entretiennent ces lieux, ou au moins une partie.
2) Ils sont moins responsables de la sécurité du lieu
La plupart du temps, un lieu abandonné attire les squatteurs, les casseurs, les urbexeurs, etc…
En faisant revivre ces lieux, il y a potentiellement moins de visites clandestines et donc moins de risques d’accidents.
3) Ils créent des projets pour les citoyens
Et.. quoi qu’on en disent.. les politiciens sont là pour divertir le peuple, non ?
Comment obtenir la gestion d’un lieu abandonné ?
Être porteur de projet demande beaucoup de temps et d’énergie.
J’ai moi-même lancé un « petit » jardin partagé dans mon « petit » village en 2019.
C’était long à démarrer et ça n’a pas du tout fonctionné comme je l’imaginais (merci le PFH).
Pour être franc avec vous, à l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais pas encore si je vais publier cet article.
Avec mes histoires de gestion citoyenne, je vous promets monts et merveilles tout en sachant à quel point il est difficile de lancer ce genre de projet.
Tout en sachant que vous pourriez investir énormément de temps et d’énergie dans des projets qui pourraient vous passer le nez parce qu’un politique a décidé de récupérer le lieu pour faire un parking, des logements ou un centre commercial.
Mais si vous me lisez encore, c’est que tout ça vous parle.
Alors, permettez-moi de vous donner LE conseil à suivre pour mettre un projet de ce genre sur les bons rails.
Un collectif solide
Si vous avez repéré un lieu qui ferait l’affaire sur votre territoire et que l’aventure vous tente, commencez par créer une communauté.
Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin.
Dans 5 ou 10 ans, quand on voudra vous reprendre le lieu, c’est grâce à votre solide communauté que vous pourrez faire la transition en douceur.
Alors, la première chose à faire, c’est de constituer un collectif SO-LIDE et MO-TI-VÉ.
C’est le meilleur conseil que je puisse vous donner.
Maintenant, c’est à vous de jouer.
Si vous voulez un petit coup de pouce, vous pouvez m’écrire ou intervenir dans l’espace des commentaires.
Si vous avez besoin d’un gros coup de pouce, vous retrouverez, en fin d’article, quelques liens vers des organisations qui peuvent vous accompagner.
Conclusion
A l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes à quelques semaines de la généralisation du tri à la source des biodéchets (loi AGEC).
C’est-à-dire que les communautés de communes sont dans l’obligation de mettre à disposition des citoyens, des moyens de recycler leurs biodéchets (épluchures, restes d’assiettes, etc…).
Si dans votre projet, vous ajoutez une notion de compostage au service du citoyen ou des communes, vous leur apportez de la valeur.
En faisant preuve d’imagination, vous pouvez rapidement vous rendre indispensable.
Rien ne vous empêche de commencer par faire une demande auprès de votre communauté de communes pour installer un composteur partagé au pied de votre bâtiment.
Et rien ne vous empêchera de trouver des locaux par la suite, etc…
C’est Cyril Dion qui disait que la transition écologique se fera entre une étroite collaboration avec les citoyens, les politiques et les entreprises.
Et ce n’est pas parce que tout commence entre une étroite collaboration avec les politiques qu’il n’est pas possible de voir plus grand (rêvons un peu pour terminer cet article).
C’est justement ce que vient de nous démontrer L’Ecrevis à Annecy.
Cette association de bénévoles pour la transition écologique vient d’évoluer en SASU et a réussi à rassembler un peu plus d’un million d’euros pour devenir propriétaire de la maison dans laquelle elle était hébergée depuis 2018.
Certes, cette maison n’appartenait pas à l’État, mais à un particulier.
Rassembler autant d’argent pour continuer à avancer..
..elle est probablement là, la force du collectif.
Un bel exemple de réussite, vous ne trouvez pas ?
Quelques ressources pour se faire accompagner dans la gestion citoyenne
- https://www.entransition.fr/
- https://www.colibris-lemouvement.org/
- https://fr.ouishare.net/
- https://www.ademe.fr/
Vous pouvez aussi faire appel à mes services pour aménager un jardin en permaculture dans votre projet.
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