par Fabrice | Oct 17, 2021
Apprends à composter ta vie
Le mot compost vient du latin « compositus » qui veut dire mélanger, arranger, former.
J’utilise aussi ce mot pour signifier un temps de réflexion ou une prise de recul.
Prenons un exemple.
Le week-end dernier j’étais au 50 ans de l’association wwoof france (association sur le woofing) à Lyon (c’est juste une anecdote, on parle de compostage juste après 😉 )
On y parlait agroécologie, permaculture, etc…
Là-bas, j’ai fait des rencontres incroyables.
(d’ailleurs, je passe le bonjour à Justine de Juju part en vadrouille, Kevin et Timothée du permacoultour et Maylis des Vosges, si vous lisez ce mail…)
Bref, tout ça pour dire que j’ai eu des échanges riches en émotions et en informations.
Quand tu écoutes des personnes qui sont sur la route depuis plusieurs années, ça chamboule grave.
Tu récupères un max de « matières ».
Et tout ça, ça se mélange en toi..
..ça compost !..
..et ça donne des idées !
Démarrer le compostage
J’ai une question :
Avez-vous fait votre premier pas ?
(celui de composter vos déchets de matières organiques)
Si vous me suivez depuis quelques années, je pense que oui (mais continuez la lecture, j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser…).
Par contre, si vous venez de me découvrir, je peux vous dire que ça ne va pas tarder.
Je sais que vous avez peur de vous lancer.
Peut-être que vous ne savez pas comment vous y prendre.
Ni quelle méthode choisir.
Que vous ne pensez pas avoir la place de le faire dans votre cuisine, votre balcon ou votre terrasse.
Que vous avez peur que ça sente mauvais ou que ça attire des rongeurs nocturnes…
Mais, ne vous inquiétez pas.
Dans cet article, je vais vous donner les 3 meilleurs conseils pour démarrer un compost avec zéro chance de vous louper.
Parce qu’un bon compost, c’est propre.
Vous pouvez y plonger vos mains.
Et ça sent la bonne odeur de l’humus..
..la bonne odeur de forêt.
Les erreurs à éviter pour démarrer un compost
Que ce soit un composteur de jardin, un pot de fleurs en lasagnes ou un lombricomposteur, voici les 3 règles à suivre.
1/ De la matière organique carbonée
Beaucoup de matière organique carbonée…
La matière organique carbonée, c’est la matière sèche.
Ca peut être de la paille, du foin, de la tonte sèche, des feuilles mortes, du carton, du papier kraft, etc…
Ca, c’est la base.
D’ailleurs, on peut même faire un compost uniquement avec de la matière carbonée (l’inverse est beaucoup plus compliqué).
Ca donne une sorte de terre légère, mais pas vraiment « consistante » (comme une pâte sans liant).
En fait, c’est un peu comme de l’humus en forêt..
..et du coup, les mycorhizes adorent ça !
Bref, tout ça pour dire qu’il vaut mieux mettre trop de matière carbonée dans un compost que trop de matière azotée (un excès de matière azotée provoque une acidification et ça peu aller jusqu’à de la putréfaction, les mauvaises odeurs, les moucherons, etc…).
Donc voilà.
Si vous voulez zéro problème au démarrage, n’hésitez pas à blinder en matière organique carbonée et allez-y mollo en matière organique azotée (déchet de fruits et légumes, tonte, etc…).
Et ce, quelle que soit votre méthode de compostage (lombricomposteur ou composteur de jardin).
2/ Pas de graisses
Ca, c’est la deuxième grande règle.
Ne jamais mettre de graisse (que ce soit de la graisse animale ou végétale).
Bon, ça c’est toujours quand on parle de démarrer un compost quand on y connaît rien.
Mais une fois qu’un compost est bien lancé et bien entretenu, on peut se permettre quelques extras..
..mais j’en reparlerais une autre fois.
Le but ici, c’est d’écarter tous les risques de rater le démarrage.
Donc.
La graisse, c’est visqueux.
C’est étanche.
Et c’est loin de ce que l’on cherche à faire dans un compost.
Dans un compost, on cherche à ce que le mélange soit bien aéré, car les organismes qui y vivent sont comme nous : ils ont besoin d’oxygène !
Donc, pour écarter tous risques, utilisez des matières carbonées bien aérées.
3/ Pas d’alliacées
Voilà, la troisième grande règle, c’est d’éviter toutes les plantes de la famille des alliacées :
L’ail, l’oignon, le poireau, la ciboulette et l’échalote.
Ce sont des plantes qui contiennent des substances bactéricides et vermifuges (qui tuent les bactéries et les vers).
Et c’est là aussi tout ce qu’on cherche à éviter dans un compost.
Un bon compost doit être riche en vers et en bactéries…
(bon, après c’est comme la graisse, vous pourrez vous permettre quelques extras de temps en temps si ça ne devient pas trop « quantitatif » !)
Voilà tout. Ca fait déjà pas mal d’informations.
Mais au moins, vous avez tout ce dont vous avez besoin pour démarrer un compost pour la première fois.
Obtenir un composteur gratuit grâce à la loi biodéchet
Si vous n’avez pas de composteur, de lombricomposteur ou autre, je vous invite à contacter votre mairie ou votre communauté d’agglomérations.
En 2024, la loi change.
Du coup, de plus en plus de ville proposent des moyens de composter gratuit comme des composteurs collectifs ou des lombricomposteurs, etc… (je vous donne la procédure à suivre à la fin de cet article)
PS : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
Antoine de Lavoisier
par Fabrice | Août 29, 2020
Le concept de ce type d’article (« Les 12 principes de la permaculture appliqués à etc… ») est simple. Je prends un sujet au hasard (ou presque) et je le fais passer par le filtre des 12 principes de permaculture selon David Holmgren.
Pas de cours académique. J’écris juste ce qui me passe par la tête.
Le but, c’est que vous appréhendiez mieux ces 12 principes (et c’est aussi l’occasion de réviser 😉).
Si vous avez du mal à saisir un ou plusieurs de ces principes, n’hésitez pas à me le dire en répondant à ce mail
Les 12 principes appliqués au composteur
1. Observer et interagir
De temps en temps, il est bon de prendre quelques minutes pour observer votre compost.
Est-ce qu’il se décompose bien ? Est-ce qu’il ne chauffe pas trop ? A-t-il une bonne odeur de forêt ? Y a-t-il des vers de terre ? Est-il assez humide ?
Ensuite, agissez en fonction de vos observations.
S’il ne se décompose pas assez vite, qu’il sent mauvais ou qu’il chauffe trop, essayez de le brasser et de revoir votre équilibre carbone/azote.
S’il n’y a pas de vers de litière (eisenia foetida), pourquoi ne pas en rajouter ?
Et, s’il est trop sec, arrosez-le ou gardez-le ouvert un jour de pluie.
2. Capter et stocker l’énergie
Contrairement à un système naturel, un composteur a besoin d’une intervention humaine pour fonctionner.
Et oui, seul un humain peut l’ouvrir pour ajouter un peu de matière organique.
Vous êtes donc son unique source d’énergie, alors prenez bien soin de lui !
3. Obtenir une production
Un compost bien mûr peut alléger le sol pour cultiver vos pommes de terre ou remplir vos godets à semis au printemps. A vous de voir quelle utilité vous allez donner à votre compost…
4. Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction
Un composteur de jardin n’a pas de fond. Il est en contact avec la vie souterraine.
Ca permet à cette vie d’aller et venir… de s’autoréguler. Et rien n’empêche qu’un mulot, qu’une souris ou qu’un campagnol ne décide d’y faire quelques portées… accepter la rétroaction c’est accepter ça aussi.
5. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
Remplir votre composteur de jardin avec vos épluchures et vos restes, c’est bien.
Mais ne vous contentez pas que de ça.
Utiliser la matière organique à disposition dans votre jardin ! (pas la peine d’aller faire des kilomètres avec une remorque pour aller en chercher).
Gazon, feuilles mortes, fruits pourris et bois mort sont en abondance dans un jardin vivant…
6. Ne produire aucun déchet
Dans un compost, tout est utile.
Au moment de la récolte, si vous trouvez des morceaux qui n’ont pas fini de se décomposer, mettez-les de côté pour relancer le prochain compost !
7. La conception des grandes structures aux détails
Dans une conception, un design, le composteur de jardin est loin d’être un détail. Prenez-le en compte dès le lancement de votre jardin !
8. Intégrer au lieu de séparer
Une erreur que la plupart des gens font : mettre le composteur au fond du jardin.
Le problème avec ça, c’est qu’il est tellement loin que vous avez la flemme d’y aller (surtout l’hiver).
Votre composteur de jardin doit faire partie de votre quotidien.
Vous devez passer naturellement devant, et ce plusieurs fois par semaine.
Dans votre design, il doit se trouver entre la zone 0 et la zone 3 grand maximum (idéalement, il se trouve en zone 2).
9. Utiliser des solutions lentes et à petite échelle
Le composteur est une solution lente. Et une fois rempli, vous devez encore attendre environ 6 mois sans rien toucher pour qu’il arrive à maturité.
C’est la raison pour laquelle vous devez le lancer le plus rapidement possible. Peu importe la saison.
10. Se servir de la diversité et la valoriser
N’hésitez pas à mettre tout et n’importe quoi dans votre composteur (évitez tout de même l’huile de vidange 😂).
Le secret d’un bon compost c’est sa diversité. Plus vous mélangez de chose, mieux il se porte !
11. Utiliser les bordures et valoriser la marge
Une bordure c’est une interface entre 2 choses.
C’est un peu comme la dernière semaine d’août. C’est la semaine qu’il y a entre les grandes vacances et la rentrée…
Bref.
Plus il y a de bordures, plus il y a d’interfaces et donc, plus il y a de la vie.
Et pour illustrer cet exemple, j’ai choisi de parler de matière organique. Et plus précisément de l’équilibre carbone/azote.
L’idéal, c’est d’ajouter de la matière sèche (matière organique carbonée) à chaque fois que vous ajoutez de la matière fraîche (matière organique azotée).
12. Face au changement, être inventif
La plupart du temps, tout ne se passe pas comme prévu.
Il y a toujours une souris, un campagnol ou une musaraigne qui décide de venir squatter votre composteur de jardin.
Ne vous tracassez pas pour ça..
.. ils mélangent le compost pour vous (et en plus ils décomposent les matières organiques difficiles à digérer).
Voilà tout pour aujourd’hui.
Pour aller plus loin avec le compostage, je vous recommande chaudement cet article.
par Fabrice | Jan 24, 2020
Est-ce que la banane va au compost ?
La semaine dernière j’étais en balade à la campagne avec des amis.
Comme à mon habitude, j’ai jeté mécaniquement la peau de la banane que je m’apprêtais à manger dans la lisière d’une haie.
Et oui, je suis un « pollueur organique » assumé
Que ce soit en ville ou à la campagne, je ne jette jamais de matière organique dans une poubelle !
Et je suis intransigeant là-dessus
Toute personne qui composte est incapable de jeter ne serait-ce qu’un trognon de pomme dans une poubelle classique (si vous ne me croyez pas, essayez le compostage, vous verrez bien !).
6 à 8 mois pour se décomposer !
Bref, une amie m’a vu et m’a dit que je ne devrais pas faire ça car une peau de banane met très très longtemps à se décomposer (chose que je ne consens pas du tout et je vous explique pourquoi juste après).
…
Effectivement, je viens de regarder sur internet et c’est confirmé : « une peau de banane met très longtemps à se décomposer (8 à 10 mois) ».
Déjà, j’ai envie de dire : « Et alors ? On s’en fout ! ».
Qu’elle mette 3 semaines ou 3 ans à se décomposer, dans tous les cas elle finira par le faire (ou elle ravira l’estomac d’un mammifère amateur de cuisine exotique).
Bon, trêve de plaisanteries.
Après quelques années de lombricompstage, de culture en lasagne en pots de fleurs et de compostage de surface, je peux affirmer haut et fort que j’ai rarement vu une peau de banane aller au-delà de 8 à 10 mois de compostage.
Je n’ai pas fait de calcul mais en général, sur ma terrasse, elle ne survit pas plus de 3 mois (et je suis très très large).
Laissez-moi vous expliquer.
Les facteurs clés du compostage
L’un des facteurs clés d’un bon compostage c’est l’humidité.
Par exemple si vous mettez une peau de banane en plein cagnard sur un sol sec et envahit de chiendent, c’est sûr qu’elle va mettre beaucoup de temps à se décomposer.
Elle va noircir puis sécher et très peu de micro-organisme auront le courage de venir la grignoter.
Par contre, si vous la mettez sous un lit de feuilles mortes riches de vie et bien humides, je peux vous assurer qu’elle ne fera pas long feu (et qu’elle fera le bonheur des vers de terre et des micro-organismes !).
Une deuxième chose.
Personnellement je suis un gros consommateur de bananes.
Décidément je parle beaucoup de moi aujourd’hui.
J’en mets souvent dans le lombricomposteur et s’il y a bien une chose que les vers de compost raffolent plus que tout, c’est la peau de banane !
J’aime observer ce qui se passe dans le lombricomposteur et je peux vous dire que quelques jours après avoir mis une peau de banane, ils sont nombreux à se la partager !
Si vous avez un lombricomposteur, tentez l’expérience 😉
Il suffit de poser la peau (pointe vers le haut comme dans Mario kart) sur le tas de lombricompost bien humide.
Quelques jours après vous pouvez être sûr de trouver une flopée de vers sur le côté intérieur de la peau 😉
Devenez pollueur organique
Bref, la morale de l’histoire : la prochaine fois que vous mangez une banane, n’hésitez pas à jeter (discrètement) la peau dans un massif de plantes (et n’oubliez pas de retirer les étiquettes 😉 ).
PS : en parlant de peau de bananes, voici une recette d’engrais naturel à base de peau de banane et de marc de café.